Titre original |
殺しの烙印 Koroshi no rakuin |
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Réalisation | Seijun Suzuki |
Scénario | Hachirō Guru (ja)[1] |
Musique | Naozumi Yamamoto |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Nikkatsu |
Pays de production | Japon |
Genre | Film noir |
Durée | 91 minutes |
Sortie | 1967 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
La Marque du tueur (殺しの烙印, Koroshi no rakuin , litt. « La Marque du meurtre ») est un film japonais réalisé par Seijun Suzuki et sorti en 1967. Il se caractérise par son intrigue épurée, sans aucun code narratif, dans un Tokyo fantomatique, composé de rues désertes et d'appartements vides, et apparaît comme un collage surréaliste fonctionnant par associations d'images[2]. Échec critique et commercial total lors de sa sortie, il vaut à Suzuki de se faire licencier sans ménagement par la Nikkatsu[3]. En réponse, il poursuit le studio en justice, avec succès, pour les conditions insoutenables de réalisation du film, et obtient le soutien de groupes d'étudiants, de cinéastes partageant les mêmes idées et du grand public, provoquant une controverse majeure dans toute l'industrie cinématographique japonaise. Suzuki est mis sur liste noire et ne réalise pas d'autre long métrage pendant une décennie, mais devient une icône de la contre-culture au Japon[4].
Le film raconte l'histoire de Gorō Hanada (Joe Shishido), le tueur à gages Numéro 3 de la pègre japonaise, qui enchaine les contrats avec succès. Il est un jour recruté par une mystérieuse femme nommée Misako (Annu Mari (en)) pour une mission apparemment impossible : tuer un homme avec un délai de 3 secondes pour ajuster sa visée et sur une zone de tir de 5 centimètres autour de son cœur. Lorsque la mission échoue à cause d'un papillon qui se pose devant sa lunette au moment du tir, il devient la cible du mystérieux Numéro 1 qui veut s'amuser à détruire sa santé mentale avant de le tuer.
La Nikkatsu initie le projet du film en tant que série B à petit budget. Jugeant le scénario original « inapproprié », le studio fait appel à Seijun Suzuki pour le réécrire et le réaliser en un temps très limité : une semaine pour la préproduction, 25 jours pour le tournage et trois jours pour la postproduction. La date de sortie est même déjà fixée. Le scénario est alors attribué à Hachirō Guru (ja), un collectif composé de Suzuki et de sept autres scénaristes, dont ses fréquents collaborateurs Takeo Kimura et Atsushi Yamatoya. N'utilisant pas de storyboard, Suzuki propose bon nombre de ses idées la veille au soir ou directement sur le plateau pendant la période de tournage, et est à l'écoute de celles de ses collègues. Il laisse ses acteurs jouer leurs rôles comme ils l'entendent et n'intervient que lorsqu'ils « font fausse route »[5]. Suzuki donne au film un aspect satirique, visuellement éclectique et avec un penchant anarchique, alors que le studio l'avait auparavant mis en garde avec ses films précédents qui devenaient de plus en plus incompréhensibles. Le montage du film de 1h30 est réalisé en une seule journée grâce à la méthode de Suzuki consistant à ne filmer que les images nécessaires. Le trop court délai accordé à Suzuki pour faire le film est tel que la post-production n'est terminée qu'un jour avant sa sortie en salles le .
Dans les années 1980, La Marque du tueur acquiert le statut de film culte à l'international. Les critiques et cinéphiles le considèrent aujourd'hui comme un chef-d'œuvre de l'absurde[6]. Il est cité comme influence par des cinéastes majeurs tels que Jim Jarmusch, John Woo, Park Chan-wook, Quentin Tarantino et Nicolas Winding Refn, ainsi que par le compositeur John Zorn[7]. Il inspire une version en roman porno réalisée par Yamatoya, Le Piège de la luxure (ja), et une suite en 2001, Pistol Opera, réalisée par Suzuki pour la Nikkatsu. La société organise également deux grandes rétrospectives de sa carrière en signe de réconciliation[6].
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